Interview avec Lex Delles dans Paperjam

"Le Luxembourg a une carte à jouer"

Interview : Paperjam (Catherine Kurzawa)

Paperjam: La stratégie Business Events 2030 souligne le potentiel de développement des événements professionnels. Quel est-il?

Lex Delles: Notre objectif, c'est d'atteindre le top 50 du classement de I'ICCA pour l'accueil des événements professionnels. Nous figurons actuellement en 54e position. Concernant les retombées directes, le segment représentait, en 2019, 14% des nuitées au Luxembourg, soit environ 330.000 unités. Nous souhaitons accompagner et apporter une expertise. C'est le rôle du Luxembourg Convention Bureau (LCB) de rendre le pays attractif pour les événements autour des segments-clés de l'économie luxembourgeoise.

Paperjam: Y a-t-il des objectifs chiffrés?

Lex Delles: Nous ne parvenons pas à recenser l'ensemble des événements professionnels au Luxembourg, car, parfois, ils ne sont pas suivis par le LCB. Mais nous observons, depuis la crise du Covid, des liens plus marqués entre événements d'affaires et loisirs. Par exemple, des personnes assistent à une conférence à Luxembourg le jeudi et le vendredi, et restent le samedi et le dimanche à des fins de loisirs. C'est pour cela qu'un lien entre le LCB et Luxembourg for Tourism est important.

Paperjam: En 2018, le Luxembourg a accueilli 198.000 voyageurs pour des événements d'affaires, contre 107.000 en 2021. Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années?

Lex Delles: Je ne vais certainement pas vous donner un chiffre. Mais augmenter le nombre de voyageurs est clairement un objectif. Un observatoire des événements d'affaires va être mis en place sous l'égide du LCB, pour se doter d'un véritable instrument de mesure qui permettra un suivi du marché. Aujourd'hui, 75% des événements professionnels recensés ont lieu à Luxembourg-ville. Il importe donc d'intégrer les régions.

Paperjam: Mais que peuvent faire les ORT (offices régionaux du tourisme)?

Lex Delles: Les ORT sont dédiés au tourisme de loisirs, un segment complémentaire au tourisme d'affaires. Les hôteliers en région peuvent, par exemple, s'inscrire au LCB pour accueillir une conférence. Dans tous les cas, le LCB propose des lieux, mais, in fine, c'est l'organisateur de l'événement qui décide.

Paperjam: En 2022, le Luxembourg a remporté l'organisation de 50 manifestations, générant 35 millions d'euros de retombées en valeur touristique. Ce chiffre vous satisfait-il?

On peut toujours faire plus, nous n'en sommes qu'au début du LCB. Il existe des opportunités que l'on peut saisir, comme le fait que les "gros" congrès à plusieurs milliers de participants ont tendance à se tenir dans des hubs régionaux. C'est comme cela que le Luxembourg a accueilli un sommet de I'ICCA en 2020. Face aux changements du marché, le Luxembourg a une carte à jouer.

Paperjam: Il existe une disparité de l'offre entre, d'une part, la capitale et ses environs, qui concentrent 85% des capacités d'hébergement, et, d'autre part, les autres zones du Luxembourg. Quelles sont les solutions à l'étude pour lisser cette offre?

Lex Delles: Le tourisme événementiel d'affaires est, comme je l'ai déjà dit, complémentaire au tourisme de loisirs. Il a deux avantages: la prolongation de la saison, grâce à des événements organisés en hiver, et la possibilité d'en organiser hors de Luxembourg-ville, notamment en privatisant un hôtel en région. Il faut cependant faire remarquer que Luxembourg-ville est attrayante parce qu'elle dispose d'infrastructures d'accueil en nombre, d'un aéroport et d'une gare principale.

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