Luxuriant: Quels sont les atouts principaux du pays pour relancer la croissance ?
Étienne Schneider: Selon les derniers chiffres du S'I' TEC, nous bénéficions, pour le premier trimestre 2014, d'une croissance du PIB de 0,8%. Cela me rend optimiste car je pense que nous arriverons à atteindre une croissance annuelle aux alentours des 3%. Ce sont de bonnes nouvelles et je m'en réjouis. Cette croissance témoigne d'un dynamisme bien supérieur à celui des autres pays de la zone euro. Néanmoins, l'amélioration conjoncturelle reste limitée et le niveau du chômage élevé, ce qui pèse sur la consommation. De plus, la croissance du secteur financier est réduite par rapport aux autres branches d'activité.
Luxuriant: Le Luxembourg souhaite dynamiser son économie selon quatre axes : l'écotechnologie, la biotechnologie, PICT et la logistique. Pourquoi ces quatre secteurs particulièrement?
Étienne Schneider: Les quatre secteurs que vous venez d'énumérer sont les piliers d'une politique de muni -spécialisation. Cette politique a été entamée il y a une dizaine (l'armées afin d'identifier des secteurs dans lesquels le Luxembourg pourrait avoir sa carte à jouer. Conscient que la place financière ne serait pas ad vitam aeternam la vache à lait, même si elle continue à jouer un rôle prépondérant dans l'économie luxembourgeoise, le gouvernement de l'époque a choisi d'axer la diversification économique sur des secteurs précis. Depuis, nous sommes allés plus loin en identifiant à l'intérieur de chacun de ces secteurs quelques domaines spécifiques qui créent surtout une haute valeur ajoutée et sur lesquels nous concentrons nos efforts de diversification économique.
Luxuriant: Pourquoi quatre secteurs aussi disparates, sans connexion apparente entre les uns et les autres?
Étienne Schneider: Il ne s'agit pas de mener des politiques isolées, mais de miser sur un maximum d'interactions entre les différentes stratégies de développement envisagées pour les secteurs respectifs. Jr peux vous citer de nombreux exemples : la pharma logistique combine logistique et activités du domaine des technologies de la santé. Travailler sur les tissus biologiques 'demande des banques de données énormes pour stocker toutes les informations ; c'est donc une combinaison entre les « health tech » et le secteur ICT (Information and Communications Technology). Et puis, si on considère le secteur du e -commerce, donc ICT, il faut aussi développer, en parallèle, la logistique pour assurer le flux réel des marchandises. Nous prêtons également une attention particulière aux concepts de Green IT, en alimentant, par exemple, les centres de données avec de l'énergie renouvelable telle que la biomasse. Tout est lié et relié, c'est une stratégie qui se tient et le développement d'un secteur entraîne et encourage l'évolution dans un autre domaine.
Luxuriant: Que peut offrir le Luxembourg aux acteurs de ces secteurs?
Étienne Schneider: Les besoins dépendent un peu des secteurs. Nous avons par exemple choisi de prendre les devants en investissant dans les infrastructures nécessaires au développement des entreprises de ces secteurs. En ce qui concerne I’ICI nous avons réussi à déployer un réseau de fibre de verre à travers le pays et investi massivement dans des data centers. Pour le développement de la logistique, nous avons procédé au réaménagement du site Eurohub Sud. Nous avons mis en place une politique de clusters afin de créer un écosystème pour que les entreprises d'une même branche puissent se réunir et déployer leurs idées. La clé, finalement, c'est d'être flexible et réactif. Si nous gardons cet avantage, je suis très confiant pour l'avenir de l'économie luxembourgeoise.
Luxuriant: Comment allez-vous séduire les entreprises étrangères et les convaincre de venir investir, innover et produire chez nous?
Étienne Schneider: Le site économique du Luxembourg est très intéressant pour des investisseurs étrangers. Je viens de parler des infrastructures de haute qualité, niais la situation géographique reste un atout non négligeable. Nous avons encore et toujours des coûts salariaux intéressants par rapport aux autres pays européens. Même si le salaire moyen est élevé, les coûts salariaux moindres font souvent en sorte que nous restons attractifs pour les entreprises à haute valeur ajoutée et à la pointe du progrès technologique, qui recrutent surtout une main-d'oeuvre qualifiée.
Luxuriant: Toujours dans le même ordre d'idées, n'ayant ni mer, ni montagne, comment comptez-vous séduire et attirer les diplômés hautement qualifiés qui manquent actuellement dans les secteurs de pointe du Grand -Duché?
Étienne Schneider: C'est une question pertinente. Il m'arrive régulièrement de croiser des managers ou responsables d'entreprise qui me racontent qu'avant de s'installer au Luxembourg, ils n'avaient qu'une vague idée du pays et hésitaient à venir chez nous. En revanche, une fois sur place, ils sont nombreux à ne plus vouloir repartir. La qualité de vie, le haut niveau de sécurité, la possibilité de travailler dans un centre financier international important, l'aspect multiculturel, ne sont que quelques arguments qui convainquent rapidement. D'autres atouts sont les nombreuses zones de récréation très proches des habitations ainsi que les temps de déplacement bien moindres qu'au sein d'une ville de plusieurs millions d'habitants. L'offre de loisirs et de culture devient de plus en plus attrayante. Il s'agit maintenant de mieux valoriser l'ensemble de ces atouts pour attirer les spécialistes hautement qualifiés dont notre économie a besoin.
Luxuriant: Quelles conséquences l'harmonisation de la TVA sur les transactions électroniques va-t-elle avoir sur la politique de développement de l'ICT au Luxembourg?
Étienne Schneider: Si l'harmonisation de la TVA sur les transactions électroniques aura des effets sur le budget de l'État, nous sommes confiants que les entreprises vont néanmoins rester ancrées au Luxembourg. Les sociétés actives dans ce secteur ont apprécié au cours des dernières années les nombreux autres atouts que h Luxembourg peut leur apporter, notamment les infrastructures Internet qui peuvent leur procurer un réel avantage. Si rune ou l'autre société risque de ne plus continuer ses activités, je suis persuadé que la majorité d'entre elles ne quittera pas la place luxembourgeoise.
Luxuriant: Quelles sont les actions que vous souhaitez mener pour augmenter l'activité touristique du Luxembourg? Vous désirez attirer des touristes de quel ordre?
Étienne Schneider: Tout d'abord, je suis content que nous ayons la possibilité d'intégrer le volet de la promotion touristique au sein d'un grand ministère de l'Économie. Il s'agit d'une jonction que je juge absolument utile pour mettre en oeuvre une politique économique cohérente. Je pense qu'il faut viser à développer une offre touristique de haute qualité. 11 faudra convaincre davantage d'investisseurs à investir dans des infrastructures hôtelières qui offrent une panoplie des prestations demandées par une clientèle toujours plus exigeante. Je crois aussi qu'il faudra faire converger l'offre culturelle, commerciale et touristique. Par ailleurs, nous allons mettre en œuvre des actions pour développer le secteur du tourisme de congrès. C'est aujourd'hui déjà une part importante des touristes qui viennent visiter le pays, mais je pense que ce secteur présente encore de nombreuses opportunités.
Luxuriant: Wat sinn déi prinzipiell Atoute vum Land fir de Wuesstem ze relancéieren?
Étienne Schneider: Laut deene leschten Zuele vum STATEC hu mir, am éischten Trimester vum )oer 2014, eng Croissance vun 0,8% vum PIB. Dëst stemmt mech optimistcsch well ech denken dass mir eng jäerlech Croissance vun ongeféier 3% erreechen. Dat si gutt Neiegkeeten déi mech erfreeën. Dëse Wuesstem beweist en Dynamismus dee weitaus méi héich ass ewéi dee vun deenen ancre Länner aus der Euro-Zon. Trotzdem bleift déi konjunkturell Verbesserung begrenzt an de Niveau vum Chômage héich, wat d'Consommatioun belaascht. Dobäi ass de Wuesstem vum Finanz-Sektor am Verglach zu deenen aneren Aktivitéits-Branche zeréck gaangen.
Luxuriant: Lëtzebuerg well seng Economie iwwer véier Achsen dynamiséieren: D'Ecotechnologie, d'Biotechnologie, den ICT an d'Logistik. Firwat genau des véier Sekteren?
Étienne Schneider: Déi véier Sekteren déi dir grad erwâhnt hutt sinn d'Piliere von enger villfälteg spezialiséierter Politik. Des Politik ass virun 10 Joer ugestouss gi fir erauszefannen an ewéi enge Sektere Lëtzehuerg eng Roll spille kéint. Bewosst dass d‘Finanz-Platz net fir éiweg eng Mëllechkou wäert sinn, och wann se ëmmer nach eng wichteg Roll an der letzebuerger Economie spillt, huet d'Regierung vun haut entscheed déi economesch Diversifikatioun op präzis Sekteren ze leeden. Zënterhier si mir méi weit gaangen andeems mir an deene verschiddene Sektere spezifesch Domänen identifizeiert hunn déi haaptsächlech en héije Mehrwärt abréngen an op déi mir eis Efforte vun enger economescher Diversifikatioun konzentréieren.
Luxuriant: Firwat véier Sekteren déi esou verschidde sinn, ouni Verbindung tëschent enaner?
Étienne Schneider: Et geet net dorëms eng isoléiert Politik ze féieren, mä sech op e Maximum vun Interaktiounen tëscht deene verschiddenen Entwécklungs-Strategie fir déi respektiv Sekteren ze konzentréieren. Ech kann iech vill Beispiller ginn: D‘Pharmagrupp-Logistik verbënnt Logistik mat den Aktivitéiten um Gebitt vun den Technologie vun der Santé. Fir un den hiologeschen Tissuen ze schaffe brauch een eng immens grouss Datebank fir all d'informatiounen ze späicheren; et ass also eng Kombinatioun tëschent der „Health Tech" an dem ICT Sektor (Information and Communication Technology). Dobäi, wann een de Sektor vum e -Commerce consideréiert, also den ICT, da muss ee parallel och d'Logistik developpéiere fir de reelle Floss vun de Wueren ze garantéieren. Mir schenken och dem Green IT Konzept vill Opmierksamkeet andeems mir zum Beispill d'Datenzentre mat erneierbarer Energie, wei der Biornass, fidderen. Alles ass matenee verbonnen, et ass eng Strategie déi sech bewisen huet an d'Entwécklung an engem Sektor cncouragéiert d'Evolutioun an engem anere Beräich.
Luxuriant: Wat ka Lëtzebuerg den Akteure vun dése Sektere bidden?
Étienne Schneider: D'Besoinen hänken ëmmer e bësse vun de Sekteren of. Mir hunn zum BeispiII decidéiert fir an d'lnfrastrukturen ze investéiere déi néideg sinn fir d'Entwécklung vun den Entreprisen an dëse Sekteren. Wat den ICT ugeet, hu mir et geschafft e Glasfaser-Reseau duerch dat ganzt Land ze leeën an hu massiv an Daten-Zentren investéiert. Fir d'Entwécklung vun der Logistik hu mir den Site Eurohub Sud nei amenagéiert. Mir hunn eng "Cluster" Politik opgestallt vir een Ecosystem ze kreéiere, vir dass déi verschidden Entreprisen aus deenen nämmlechte Beräicher sech zesumme setzen an hir Ideeën austausche kennen. De Schlëssel ass schlussendlech flexibel a reaktiv ze bleiwen. Soulaang mir dësen Avantage behalen hunn ech vollt Vertrauen an d'Zukunft vun der lëtzebtuerger Economie.
Luxuriant: Wéi wëllt Dir auslännesch Entreprisen ulackelen an si dovun iwwerzeege bei eis ze investéieren, ze innovéieren an ze produzéieren?
Étienne Schneider: Den economesche Site vu Lëtzebuerg ass ganz intressant fir auslännesch Investisseuren. Ech hu grad vun den lnfrastrukture vun héijer Qualitéit geschwat, mä och déi geographesch Lag ass een Atout deen een net vergiessen däerf. Am Verglach zu deenen aneren europäesche Länner hu mir nach ëmmer intressant Salaireskäschten. Och wann den Duerchschnëttsgehalt héich ass, suergen déi méi niddreg Salaireskäschten dofir dass mir, fir héichwäerteg Entreprisen déi un der Spëtzt vum teehnologesche Progrès stinn an haaptsächlech no qualifizéiertem Personal sichen, attraktiv bleiwen.
Luxuriant: Nach ëmmer an deem selwechte Kontext, ouni Mier, ouni Bierger, wéi wëllt Dir héich qualifizéiert Diploméierter, déi den Ament an de Spétze-Sektere vum Grand-Duché nach feelen, ulackelen an unzéien?
Étienne Schneider: Dat ass eng gutt Fro. Ech treffe regelméisseg op Manager oder Responsabel vun Entreprisen déi mir verzielen, dass si är si op Lëtzebuerg komm sinn, nëmmen eng vague Idee vun dësem Land haten an als éischt gezéckt hunn fir sech bei eis nidder ze loossen. Dogéint, eemol hei, wollten der val net méi fort goen. D‘Liewensqualitéit, déi héij Sécherheet, d'Méiglechkeet an engem wichtegen internationale Finanzzentrum ze schaffen, de multikulturellen Aspekt, sinn nëmmen e puer Argumenter déi schnell iwwerzeegen. Aner Virdeeler sinn eng grouss Unzuel un Erhuelungszentren no bei de Wunngebidder esou ewéi den Trajet dee 'iii méi kuerz ass ewéi an enger Stad vun e puer Milliounen Awunner. DOffere fir Fräizäit an Kultur ginn emmer méi unzéiend. Et geet elo dorëms all dës Atouten ze valoriséiere fir déi héich qualifizéiert Spezialisten, déi eis Economie brauch, unzezéien.
Luxuriant: Ewéi eng Konsequenze wiiert d'TVA Upassung op den elektroneschen Transaktiounen op d'Entwécklungspolitik vun der ICT vu Lëtzebuerg hunn?
Étienne Schneider: Och wann d'Upassung vun der TVA op den elektroneschen Transaktiounen en Effekt op de Budget vum Staal huet, ziele mir dorop dass dEnt reprisen trotzdem a Lëtzebuerg bleiwe miierten. Déi aktiv Sociétéiten aus dësem Sektor hunn an deene leschte Joere geleiert déi vill aner Atouten ze appreciéieren, déi Lëtzebuerg hinne konnt bréngen, zemools d'lnternet-Infrastrukturen déi hinnen e groussen Avantage abruecht hunn. Wann déi eng oder déi aner Societéit och riskéiert hir Aktivitéiten net méi weiderféieren ze kennen, sinn ech mir sécher dass d'Majoritéit zu Lëtzebuerg bleiwe wäert.
Luxuriant: Ewéi eng Aktioune géift Dir gären a Kraaft setze fir déi touristesch Aktivitéit a Lëtzebuerg ze erhéijen? Ewéi eng Touriste géift Dir gären unzéien?
Étienne Schneider: Als éischt sinn ech frou dass mir d‘Méiglechkeet hunn den touristesche Promotiouns-Volet an de Schouss vun engem groussen Economie-Ministère integréieren ze kennen. Et handelt sech ëm eng Vereenegung déi ech absolut néideg fanne fir eng kohärent economesch Politik ze féieren. Ech denke mir mussen eis op eng qualitativ héich Touristen-Offer konzentréieren. Mir mussen d'Investisseuren nach méi dovun iwwerzeegen an Hotelsinfrastrukturen ze investéieren déi eng ganz Rei u Servicer ubidde kennen déi eng ëmmer méi exigent Clientèle verlaangt. Ech mengen och dass een déi kulturell, kommerziell an touristesch Offere matenee verbanne soll. Niewebäi wäerte mir och Aktioune starte fir de Kongress-Tourismus ze developpéieren. Des stellen haut schon e groussen Deel vun den Touristen déi d'Land besiche kommen duer, mä ech denken dass dëse Sektor nach vill Méiglechkeeten ze bidden huet.