Interview de Francine Closener avec le Lëtzebuerger Journal

"Il faut avoir un concept et une stratégie commune"

Interview: Lëtzebuerger Journal

Lëtzebuerger Journal: Pourquoi avoir décidé de lancer ce cluster?

Francine Closener: Il y avait une demande du secteur d'avoir une plateforme pour collaborer, s'échanger et décider ensemble de la promotion pour améliorer le positionnement du Luxembourg en ce qui concerne le secteur MICE. Jusqu'à présent au Luxembourg, le tourisme d'affaires fait déjà 59% des nuitées. Et là, MICE comprend environ 14%. Il y a encore du potentiel et tout le monde en est conscient. Il faut avoir un concept et une stratégie commune. C'est pour ça qu'on a créé le cluster. Et il a un grand succès car on croyait avoir une douzaine de membres et dès le début on en a eu 25. Aujourd'hui, on a encore de nouvelles demandes et lors de notre prochaine assemblée générale (ce jeudi, ndlr.), nous les validerons. Luxexpo par exemple est membre, le centre de congrès est membre, des hôtels, des agences, un peu de tout.

Lëtzebuerger Journal: En un an, quels projets ont déjà été initiés et est-ce que certains ont abouti?

Francine Closener: Il faut se trouver d'abord. Maintenant, on travaille sur différent projets. Le plus important c'est de travailler sur la création d'un guichet unique. On a déjà le "convention bureau" du LCTO qui joue déjà le rôle d'un guichet unique mais qui évidemment se concentre sur Luxembourg -ville. Il fait aussi le lien avec quelques hôtels extérieurs mais je veux un véritable guichet unique. Pour que l'organisateur qui vienne au Luxembourg trouve une seule personne de contact qui peut lui offrir tout, qui fait aussi des offres variées avec ou sans hôtel, salle, programme d'incentive, transport, etc. Ils travaillent aussi sur des "bid books" pour présenter le Luxembourg sur des grands évènements et positionner le pays comme candidat à l'organisation de grands congrès.

Lëtzebuerger Journal: Quels sont les atouts du Luxembourg et ses faiblesses?

Francine Closener: La force, c'est évidemment notre position au centre de l'Europe, nous sommes une capitale européenne et on a une grande expérience dans l'organisation d'évènements. Par exemple au centre de congrès, ils sont habitués à organiser cela. Je pense aussi à l'Expogast qui est un grand évènement où le secteur entier de l'hôtellerie et de la gastronomie se retrouve à Luxexpo et ça marche énormément. On est multilingue, c'est très important. Les faiblesses, c'est la capacité hôtelière. Surtout en semaine. Si on a de grands évènements dans la capitale, on est presque saturé déjà. Donc, on a besoin de nouveaux hôtels.

Lëtzebuerger Journal: Vous comptez attirer de nouveaux investisseurs?

Francine Closener: Oui, on est en train de démarcher mais je pense qu'on a de bonnes chances d'avoir de nouveaux hôtels prochainement au Luxembourg.

Lëtzebuerger Journal: Comment le MICE Cluster est-il financé?

Francine Closener: Les membres du cluster doivent payer une cotisation et le ministère (de l'Économie, ndlr.) double cette cotisation et donne encore un montant substantiel à l'ONT.

Lëtzebuerger Journal: À ce propos, il y a des dotations de l'ONT et du ministère de l'Économie. À combien s'élèvent-elles?

Francine Closener: Les membres du cluster paient 3.000 euros par an par membre. On est donc à 76.000 euros. Donc, le ministère rajoute le même montant et puis l'ONT s'engage avec 258.000 euros. Le budget cluster est à peu près à 410.000 et s'ajoute à ce chiffre l'organisation de foires donc cela fait un total de 117.000 euros qui s'ajoutent au budget du ministère de l'Économie. Donc on est â 527.000 euros... Oui, à peu près,

Lëtzebuerger Journal: Le MICE Cluster n'envisage-t-il pas de rejoindre Luxinnovation?

Francine Closener: Non, au début, j'ai aussi analysé cette option, mais c'est quand même un autre secteur. Mais il faut quand même rechercher une collaboration avec Luxinnovation car on veut surtout démarcher les organisateurs des congrès dans les secteurs prioritaires. Déjà maintenant Un tiers des MICE events viennent du secteur financier. Puis on a quand même beaucoup de congrès dans les domaines ICT, logistique et automotive. Donc, on va quand même se concentrer sur ces secteurs prioritaires et Luxinnovation connaît les calendriers des grands évènements de ces secteurs et c'est pourquoi il faut renforcer la collaboration entre le cluster MICE et les autres clusters.

Lëtzebuerger Journal: En ce moment, c'est la présidence luxembourgeoise du çonseil de I'UE. J'imagine que c'est aussi un test pour mesurer la capacité d'accueil des salles et des hôtels...Quel est votre ressenti par rapport à cette présidence, quelles sont les leçons qu'on a pu tirer pour le MICE Cluster?

Francine Closener: Pour l'instant, je pense qu'il n'y a pas d'expérience négative. Au moins jusqu'à présent. A part en semaine où on a parfois de la peine à trouver des chambres d'hôtels si on n'a pas réservé il y a quelques mois, c'est un feedback que j'ai déjà eu. Mais l'an dernier où il n'y avait pas de présidence on avait déjà une hausse de 7% des nuitées MICE et c'est vraiment un créneau qui se développe et qui a du potentiel. La présidence va se terminer fin décembre et on va faire un débriefing là-dessus pour le secteur hôtelier et MICE.

Lëtzebuerger Journal: On est donc dans un "work in progress"...

Francine Closener: J'espère vraiment que le cluster MICE va prendre un rythme de croisière plus prononcé. C'est évident, pendant la première année il faut se trouver, trouver des évènements qu'on veut créer et une véritable stratégie. Mais cette stratégie est sur le point d'aboutir et je dirai que l'année prochaine, on sera prêt à présenter le Luxembourg comme une destination MICE où tous les acteurs comprennent qu'il faut travailler ensemble pour avoir de la notoriété.

Dernière mise à jour